"Les manifestants ont déjà commencé à planter leurs tentes pour entamer un nouveau sit-in"

Ahmed Abbas al-Bacha est un activiste, il a participé aux manifestations à Taëz.


Très vite, les manifestants ont été rejoints par ceux qu’on appelle désormais ‘les officiers libres’. Je ne peux pas établir avec certitude l’identité de ces hommes car ils ne portent pas d’uniforme. Ils ne font pas partie des milices tribales car ils étaient habillés en pantalon alors que les miliciens portent toujours l’habit traditionnel. Tout ce que je peux dire c’est qu’ils sont armés et qu’ils défendent les manifestants contre les attaques de la police. On dit qu’ils font partie de la branche de l’armée qui a fait défection.

Ces affrontements n’ont pas cessé même durant la prière du vendredi. On entendait des tirs dans les rues entourant la mosquée. Après la prière, les forces de l’ordre ont investi la place et les violences ont repris de plus belle. Ils n’utilisaient ni matraques ni bombes lacrymogènes mais nous tiraient dessus directement. J’ai vu de nombreux blessés, je ne sais pas encore si tous ont pu être sauvés.

Après avoir été violemment délogés de la Place de la Liberté, nous avons voulu reprendre le contrôle d’une place et refaire un sit-in. Notre choix s’est porté sur Ossayfira car il n’y a que deux avenues qui y mènent, alors que la police avait la possibilité d’accéder à la Place de la Liberté par cinq avenues. Par contre, beaucoup de ruelles serpentent entre les maisons qui entourent la place ce qui permet aux manifestants d’échapper à la police. Ces derniers ont déjà commencé à planter leurs tentes pour entamer un nouveau sit-in."

  A Taëz, le 3 juin. Postée sur YouTube.