• Agences de notation: la grande hypocrisie des Gouvernements

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    lien source de l'article: http://finance.blog.lemonde.fr/2011/07/10/agences-de-notation-la-grande-hypocrisie-des-gouvernements/#xtor=RSS-32280322 ( merci STAN http://www.tetedequenelle.fr/)

     Hong Kong, dimanche 11 juillet, 2011.

    Il serait inconscient de ne pas voir en face les faiblesses de la notation des obligations d’Etat émises par les pays du monde entier. J’ai moi-même été assez critique dans le passé pour ne pas leur en faire le reproche. Cela permet-il pour autant aux gouvernements européens de s’en prendre à ce qui constitue le seul baromètre internationalement reconnu de la santé des Etats ?

    Voyons d’abord du côté des agences de notation. Leur légitimité est affaiblie par trois principales faiblesses.

    La gouvernance même des agences de notation les affaiblit. Il s’agit d’entreprises privées, au capital détenu par des investisseurs financiers, qui en exigent une rentabilité et même des dividendes. La gouvernance des trois agences est donc entre les mains de leurs actionnaires. En ce qui concerne les crédits privés, passe encore. Lorsqu’il s’agit de crédits souverains, c’est trop court. Au-dessus des structures actionnariales et de management, il faut doter ces notations d’un "board of trustee" composé de personnalités diverses et reconnues, y compris, mais en minorité, des actionnaires. Un peu comme pour le Fondation des International Financial Reporting Standards. Toutes les matières concernant l’établissement et les procédures de notation devront avoir leur approbation. On ne peut pas jouer avec le crédit d’Etats souverains de manière aussi légère que les agences de notation le font en ce moment.

    La transparence est absolument insuffisante : j’ai fait l’effort ces derniers mois d’écouter et de lire les jugements sous-jacents aux décisions d’avertissement ou de diminution de notations des Etats-Unis et de l’Europe. Ce qui me frappe c’est l’absence totale d’information analytique sérieuse publiée. Je ne doute pas que les agences fassent leur métier de manière professionnelle, mais je suis tout aussi convaincu qu’elles ont à le démontrer. Elles ont elles-mêmes à surmonter une crise de confiance liée à la manière irresponsable dont elles ont noté les obligations liées aux subprime a l’origine de la crise financière. Il ne suffit pas de déclarations plus ou moins générales sur les situations concernées. Il y a beaucoup trop de subjectivité dans ces affirmations, qui semblent de plus en plus coller au marché plutôt que de constituer un jugement de qualité.

    Le timing des annonces est inacceptable. Comme pour les entreprises, les notations doivent se baser sur une régularité trimestrielle de l’évolution. Les dernières décisions se sont faites à l’improviste, par surprise et ont créé une suspicion de manipulation des marchées. La vertu des notations devrait être dans leur régularité, sur base de faits nouveaux. En cas de crise, le rythme trimestriel peut être remplacé par un rythme mensuel, mais en aucun cas, sauf fait nouveau objectif et articulé, de manière abrupte.

     

    Ceci étant dit, attaquer le baromètre, même s’il est parfois difficile et a les faiblesses que je viens de préciser, est une preuve de plus de l’immense hypocrisie des dirigeants européens, et particulièrement des ministres des finances. Il suffit pour s'en convaincre de les voir s'attribuer le mérite des notations positives et le blame sur les agences de notation des notations négatives.

    Ils passent plus de temps à accuser la Banque Centrale Européenne qu’à résoudre les problèmes. La BCE a franchi le Rubicon en acceptant des obligations souveraines douteuses, et a maintenant un mauvais bilan. C’est dangereux pour l’Euro et mauvais pour l’Europe. Mais en tout état de cause, la BCE l’a fait sur pression insistante des Etats. Que dirions-nous aujourd’hui si, suite à la baisse des notations grecque et portugaise, la BCE, comme ses statuts le lui imposent, refusait de financer les banques et les obligations de ces Etats ? On crierait au meurtre : et pourtant la BCE n’aurait fait que son devoir. Dans la situation présente, elle est donc juge et partie : elle ne peut pas ne pas tenir compte du risque qu’elle a assumée. L’hypocrisie de cette critique est lamentable.

     

    Ne pas associer les banques et assurances européennes à la restructuration de la dette des Etats en difficulté n’a aucun sens, ni moral ni financier. Il n’y a pas de solution qui arrête l’hémorragie sans une telle contribution. Et la menace d’un défaut de paiement par Standard & Poor’s est peut être techniquement correcte, mais irresponsable. C’est oublier que ce sont les agences de notation elles-mêmes qui ont construit un système très rémunérateur qui a des conséquences exponentielles en cas de défaut.

    Mais surtout, la crise actuelle était prévisible depuis fin 2009. Dès la mi-2010 nous descendions la pente qui mené à la crise. Rien que sur la Grèce, les rendements ont été multipliés par trois et la prime de risque a quadruplé. Tout cela est le résultat d’accords passés entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sur une plage à Deauville. Ils entreront dans l’histoire comme les dirigeants les plus nocifs de l’histoire de l’Eurozone.

     

    Attaquer les agences de notation tient de l’hypocrisie : attribuer au baromètre une situation de fièvre provoquée par le patient est incorrect, et ne créera jamais la confiance. J’ai suggéré que le FMI s’en charge : il ne veut pas en entendre parler. Peut-être Madame Lagarde parviendra-t-elle à faire évoluer les esprits ? Si l’on veut bannir les notations souveraines, il faudra proposer autre chose.

     

    Comme l’écrivait le New York Times vendredi dernier, la confiance dans les dirigeants politiques européens n’existe plus.

    C’est de courage que nous avons besoin, pas d’hypocrisie.

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