Le Pape nettoie au laser les quinze plaies de la Curie, mais le message est pour tous

« Terrorisme des bavardages » pratiqué « toujours dans le dos », « Alzheimerspirituel », « schizophrénie existentielle », « hypocrisie typique du vide spirituel », perte des « sentiments de Jésus », « maladie des cercles fermés », « recherche insatiable du pouvoir » : le style latino-américain très direct du pape François a soufflé en tempête le 22 décembre sous les voûtes du Vatican, contrastant avec le ton feutré des papes précédents qui enrobaient leurs quelques remarques et leurs rares remontrances dans une onction demeurant douce aux oreilles cardinalices.

Il est vrai que la fin du pontificat de l’immédiat prédécesseur de François, Benoît XVI, sans illusions mais plus réservé, avait laissé entrevoir l’étendue hélas importante des intrigues et des manœuvres de la curie romaine, après les dernières années héroïques mais difficiles de Jean-Paul II. Voilà sans doute pourquoi le pape Jorge Mario Bergoglio a versé une douche froide sur ceux de ses proches collaborateurs qu’il considère comme trop tièdes.

Il leur a reproché en particulier de ne plus laisser « piloter la liberté de l’Esprit saint », après avoir « perdu la mémoire de leur rencontre avec le Seigneur ». Ensuite, a-t-il souligné à l’intention de tous les collaborateurs du Saint-Siège, prière… d’aller se confesser avant la messe de la nuit de la solennité de la Nativité, pour retrouver le chemin de la vraie joie, car Noël, pour les chrétiens, c’est une heure solennelle.

La plaie du cléricalisme pour tous

Cette recommandation ne vaut-elle pas d’ailleurs pour tous les catholiques ? Déjà, les papes Pie XII et Paul VI constataient que les « fidèles » perdaient le sens du péché, et donc celui du Bien et du Mal. De quoi perdre, non seulement le Nord mais l’ensemble des points cardinaux…

Les papes Jean-Paul et Benoît, eux, n’aimaient franchement pas la plaie du cléricalisme, mais dont il faut se souvenir qu’elle blesse les laïcs eux-mêmes quand ils se prennent pour des clercs ou quand ils donnent dans l’autoritarisme religieux, tandis que de nombreux clercs piétinent le champ de compétence des laïcs…

Bref, le risque d’incurie générale est pour tous, avec ou sans cardinaux, dans chaque paroisse, bien au-delà de la curie romaine, dans la grande famille de l’Église, parfois guettée par des loups quand les bergers sommeillent sous le ciel étoilé.

Voici le texte intégral du discours du pape François :

 

« La curie romaine et le Corps du Christ »

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