• New York, New York, nombril du monde?

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    New York, New York, nombril du monde?

     
    Par 
    Chroniqueuse société

    " Quand on a de graves préoccupations alimentaires, on n'a pas beaucoup d'ambition" Audiard

    Auteur parrainé par Aude Baron

    Depuis deux jours, c'est "le jour d'après" version images truquées de préférence terrifiantes, webcams noyées de pluie, l'apocalypse en temps réel sur écrans géants. N'oublions pas que la fin du monde est dans un peu plus de deux mois, une piqûre de rappel est toujours utile.

     

    Durant deux jours, le monde était en apnée, dans l'attente de la catastrophe qui devait assurément souffler la grosse pomme jusqu'au trognon. 

     

     

    Ce matin, n'aurait dû rester que quelques pépins, si on juge d'après la couverture médiatique déployée depuis 48 heures sur Big apple et Washington et les gros titres alarmistes et terriblement funestes.

    Tout cela pour un ouragan même pas classé en catégorie 2 du nom de Sandy, on fait avec ce qu'on a sous le radar.

     

    Comme ces spectateurs qui ralentissent sur l'autoroute, le monde s'est arrêté de tourner, manifestant un intérêt presque morbide à attendre, pour ne pas dire espérer, de voir la ville symbole des Etats Unis sombrer dans l'une de ses propres productions hollywoodiennes. Effets spéciaux, explosions, inondations, la fin du monde en direct au journal de 20h, en 3d, une sorte de mise en abyme ironique.

     

     

    Autant dire que certains doivent être un peu déçus de ces quelques morts, de ces quelques arbres arrachés, de ces quelques parkings inondés, de ces quelques coupures de courant, on a vu bien pire en Vendée, ou dans le sud de la France.

    Finalement, les tempêtes bien de chez nous n'ont rien à envier aux super productions américaines.

     

    New York, New York, New York, jusqu'à la nausée, jusqu'à l'overdose, en boucle, sur tous les écrans, dans tous les médias, des journalistes avec ou sans capuche, avec ou sans parapluie bravant les vents et les pluies diluviennes pour rendre compte à nos yeux avides de sensationnalisme du cataclysme à venir, assurément.

     

    Le monde a tourné autour de New York durant 48 heures, exclusivement, le monde n'était plus que New York, ou New York est devenu nombril du monde.

     

    Et Haïti et ses 51 morts, 15 disparus et 19 blessés ? A t'on vu ces pauvres dont les maisons se sont écroulées sur eux en les ensevelissant ? A t'on déployé caméras et journalistes pour aller filmer les routes coupées, et les ponts effondrés ? A t'on filmé ces gens qui ont tout perdu, parce qu'ils possédaient déjà si peu ?

    « L’ouragan Sandy, a emporté mes deux bœufs, qui représentaient ma seule source de revenus. Je ne sais pas quoi faire à présent », regrette Robert Sénatus

     

    Et en début de mois, quand la saison des pluies s'est montrée meurtrière en Afrique, a t'on aussi mobilisé les studios mobiles, et les cameramen pour aller filmer les quartiers sous l'eau, les 587 écoles inondées au Sénégal, les rues impraticables de Dakar, ses plus de 40 morts et ses dizaines de sinistrés ?

     

    Au même moment, a t'on également bloqué les télévisions, et tous les médias pour les 148 morts et plus de 64.000 déplacés au Nigeria, et l'apparition du choléra ? C'est vrai que des pluies, même exceptionnellement fortes, c'est moins vendeur que des vents à 150 km/h et un gros tourbillon sur une carte de la NASA.

     

     



    Plus tôt en Août, quand le Cameroun a connu des inondations exceptionnelles faisant plus de 30 morts et 25000 sinistrés, en a t'on entendu parler au journal de 20h00 ?

     

    Sandy, un ouragan d'une force historique, terrifiant Frankenstorm, ah cela, les superlatifs n'ont pas manqué depuis 48 heures pour décrire ce qui allait sûrement emporter la ville emblématique des USA.

    Heureusement, la peur a été plus forte que le mal, et si New York a retenu son souffle et le reste du monde avec, ce mardi matin, le monde peut recommencer à respirer, Sandy n'aura eu d'historique que l'emballement médiatique qu'elle aura suscité.

    En attendant la prochaine tempête, le prochain ouragan qui devra donc s'appeler Tom ou Tony, selon toute logique, et qui, pour peu qu'il menace le géant américain, monopolisera à nouveau toutes les chaînes, les Unes, et le reste du monde.

     

    Pendant ce temps, Haïti, Sénégal, Cameroun, Nigeria, ou ailleurs, n'importe lequel de ces pays de miséreux peuvent bien continuer à subir la colère de mère nature, leurs morts ne font pas recette.

     

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