• interview dans libé, enfin une information authentique, sur les prisons et centres de rétention

     à lire sur: http://www.liberation.fr/societe/2014/06/06/l-humanite-mise-aux-arrets_1035408

     

    article de  Sonia Faure à lire dans Libération

    Merci pour cet article édifiant , interview  évoquant les témoignages ainsi-que  le travail de Jean-Marie Delarue, contrôleur général des lieux de privation de liberté. 

     

    Détenus brisés ou révoltés contre le système, surveillants respectés ou mis en danger… Au terme de sa mission, Jean-Marie Delarue, premier contrôleur général des lieux de privation de liberté, livre le récit de moments qui l’ont marqué. Un témoignage édifiant.

    Le 13 juin, Jean-Marie Delarue achèvera son mandat de contrôleur général des lieux de privation de liberté. Pendant six ans, avec ses équipes (juristes, anciens directeurs de prison, etc.), celui qui fut le premier contrôleur - le poste a été créé par Nicolas Sarkozy - a visité toutes les prisons françaises, tous les centres éducatifs fermés (CEF) qui accueillent les mineurs délinquants, tous les centres de rétention qui enferment les étrangers en situation irrégulière, des dizaines de locaux de garde à vue dans les gendarmeries et les commissariats, et d’hôpitaux psychiatriques.

    Conseiller d’Etat né en 1945, très respecté, ancien conseiller de Jacques Delors à Bercy ou de Michel Delebarre au Travail puis aux Transports, il a agacé la droite comme la gauche au pouvoir par ses appels en faveur d’une amnistie des petites peines pour limiter la surpopulation carcérale ou contre l’accumulation de lois répressives. Il a aussi alerté sur la situation des prisons Camp Est, à Nouméa, ou des Baumettes, à Marseille. Jean-Marie Delarue sera désormais membre du Comité consultatif national d’éthique. Pour clore son passage au contrôle général des lieux de privation de liberté, il a accepté de se livrer à une interview particulière et de rapporter des images et des souvenirs de ces six dernières années. Quelques objets, des phrases qui résonnent encore, beaucoup de visages qui permettent de «saisir, à travers ces flashs, des choses plus durables sur l’enfermement».

    LA PREMIÈRE VISITE

    «On m’avait dit "c’est une maison d’arrêt formidable : le matin, les surveillants arrivent en sifflotant." Un cas en effet peu commun : habituellement, ils arrivent plutôt à leur poste la boule au ventre. Je m’attendais donc, en arrivant à la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône (Rhône), à découvrir un paradis pénitentiaire. Nous sommes tombés sur quelque chose de très rude. Et si les surveillants arrivaient en sifflotant le matin, c’est qu’ils avaient opté pour une manière de gérer la détention très rigide, «à l’ancienne» : s’appuyer sur quelques détenus pour assurer la paix, faire régner une discipline de fer.

    Lors de ma visite, un des contrôleurs qui m’accompagnait m’a dit : «Il faut que vous voyiez quelqu’un.» Arrive devant moi un prisonnier si maigre qu’il m’évoque un homme sorti d’un camp de concentration, des cheveux teints en jaune, des brûlures de cigarettes aux poignets. Il était la victime de ses codétenus, car il était homosexuel, mais il n’avait pas été placé à l’isolement. Une discipline de fer n’empêche pas de graves tensions au sein de la détention. Cette politique à courte vue de certains surveillants amène la résignation, la diminution de soi, comme dans le cas de cet homme. Ou, au contraire, l’explosion de violences de ceux qui résistent. Il y a certes la satisfaction que rien ne bouge, mais là-dessous ça bouillonne ou ça détruit.»

     

    LA VALISE VIDE

    «Nous nous rendons à la zone d’attente de Roissy en janvier, il y a de la neige et il fait un froid glacial. A 6 h 30 du matin, j’accompagne une équipe "en porte", les policiers se postent sur la passerelle et viennent cueillir les voyageurs à leur sortie de l’appareil. Très courtois, ils mettent trois types à l’écart : trois Sri-Lankais qui n’ont pas de passeport. On gagne le poste de police de l’aérogare, puis une salle avec une petite table et une petite chaise. C’est ici qu’on fouille les bagages. Le policier ouvre la valise de l’un des Sri-Lankais assis sur la petite chaise. Il n’y a quasiment rien dedans. Cette valise vide m’a marqué. Non seulement ils n’ont pas de passeport, mais ils n’ont aucun bien. Ils arrivent avec leurs mains, quand nous, lorsque nous partons au Sri Lanka, apportons maillots de bain et guide touristique.»

    LE GRAND SEIGNEUR

    «Naturellement, quand on mène des contrôles et qu’on rencontre des détenus, on garde toujours en tête qu’on ne voit pas la totalité de la personne. Qu’auparavant ils ont commis des délits, qu’ils ont fait des victimes. Mais on ne peut s’empêcher d’être marqués par quelques figures qui rayonnent de lucidité sur leurs actes et sur la sanction qu’ils ont entraînée. Ou par d’autres qui se camouflent pour résister. Un homme, notamment, m’a marqué. Il en avait pour longtemps : il avait tué un surveillant lors d’une mutinerie. Ses conditions de détention étaient très dures et il n’était pas très populaire auprès des personnels. Il était alors à l’isolement depuis des années - il en est sorti depuis. L’isolement, ça veut dire qu’on est coupé de toute vie sociale. Qu’on est seul en cellule, seul dans la cour de promenade. Que même les repas ne vous sont pas distribués par un détenu auxiliaire, mais par les surveillants qui n’ont pas le droit d’échanger avec vous. Il avait un maintien corporel étonnant, une allure de "grand seigneur", quelque chose comme ça. Il avait à la main un bouquin de je ne sais quel auteur espagnol du XVIe siècle. Il avait entrepris une plongée dans la littérature espagnole, se retranchait derrière cette découverte pour mettre à distance ses interlocuteurs. Il s’était construit une carapace pour résister, un monde à part. Il ne voulait pas se livrer, c’était sa manière de survivre.»

    LES DÉTENUES BASQUES

    «Il y a une résistance d’un tout autre style, inébranlable et souriante : c’est celle des détenues basques. Je me souviens de ces trois femmes de la prison de Réau, en Seine-et-Marne. La plus âgée avait une cinquantaine d’années, la plus jeune à peine une trentaine. Elles m’ont reçu dans leur cellule, on a parlé deux heures, je me souviens que j’ai renversé le café sur la table. Je ne suis pas dans le syndrome de Stockholm, je sais que ces détenues sont incarcérées pour ce qu’elles appellent des"motifs politiques" que notre démocratie qualifie de "terrorisme". Je n’ai rien à redire à ça. Pourtant, ces femmes ont un appétit de vivre assez impressionnant. C’est ce qui les sauve de leur statut de DPS, détenues particulièrement signalées, qui implique notamment des changements de cellules et des fouilles plus fréquentes. C’est aussi ce qui leur fait supporter l’éloignement d’avec leurs proches : elles sont à 1 000 ou 1 500 kilomètres de leur famille et obtiennent difficilement des parloirs "internes" [aux prisons, ndlr] avec leurs maris, souvent enfermés eux aussi pour les mêmes motifs. L’une d’elle avait également eu interdiction d’écrire à son époux, ce qui est contraire aux règles pénitentiaires : les détenus ont le droit de correspondre, leur courrier est ouvert et lu.

    «Mais la chance des Basques, c’est la solidarité qu’il y a entre eux. Ce qui les fait vivre, c’est leur engagement vis-à-vis des autres. Dès que l’un d’eux se fait maltraiter dans une prison française ou espagnole, ils engagent une grève de la faim, font une petite manifestation dans la cour de promenade avec des slogans écrits sur des feuilles A4. On se demande d’ailleurs comment ils sont si bien informés. On peut se demander aussi pourquoi certains détenus corses ont droit au regroupement familial et pas les Basques.»

    «BONNE NUIT»

    «Il y a des pratiques condamnables dans les prisons. Mais il y a aussi, parmi le personnel, des types d’une humanité rare. Je me souviens d’un gradé d’une maison centrale, un colosse immense, féru de boxe - il avait d’ailleurs initié cette pratique auprès des prisonniers. Les détenus le respectaient, l’écoutaient, déjà parce qu’il était physiquement impressionnant, mais surtout parce qu’il était juste : il prenait les mêmes décisions, quel que soit le détenu. Pas de favoritisme, pas d’arbitraire. Et ça, c’est identifié par les détenus. Aucun surveillant que j’ai rencontré n’a choisi ce métier : untel était au chômage, tel autre a raté la police…

    Désormais, beaucoup - et c’est une chose intéressante - ont fait un autre métier avant. J’ai rencontré un ancien de la marine, lui aussi très juste et préoccupé par les petits gestes, qui n’ont l’air de rien à l’extérieur. Lors des distributions de repas, le soir, il accompagnait tous les plateaux d’un "Bonsoir, voilà le repas." Et surtout :"Bonne nuit." La prison d’Arles a connu des directeurs et directrices successifs qui ont mis en place des pratiques innovantes : des réunions conjointes entre détenus et personnels par exemple, qui se terminent en repas partagé - certains surveillants refusent d’ailleurs d’y participer. Je me souviens enfin de la directrice d’un centre éducatif fermé, pour les mineurs délinquants, qui venait de l’administration financière. Elle avait 35 ans environ, toute frêle d’apparence, et m’avait dit : "Ma place est là. L’un des enjeux de notre société, c’est cette jeunesse qu’il faut accompagner." Malheureusement, ça n’a pas été facile tous les jours et je ne suis pas sûr qu’elle ait réussi. Beaucoup de chefs d’établissement sont seuls.»

    LES CANARDS

    «En détention, on appelle ça "faire le canard". C’est rester sourd et aveugle à la violence du langage, au fait que toute initiative est vaine, à l’infantilisation. Le canard, c’est celui qui se rend compte au bout de quelques mois de prison que ce n’est plus la peine d’écrire pour se plaindre, personne ne répondra. Que ce n’est plus la peine de faire des demandes de rendez-vous chez le psy, il n’y a pas de place. Comme le canard sous la pluie, on ne bouge plus et l’eau glisse sur les plumes. Mais on n’en sort pas indemne. Et quand on quitte la prison, on n’est plus du tout adapté à la vie du dehors. Il y a les canards involontaires - les sourds-muets, les handicapés qui ne peuvent quitter leur cellule faute d’aménagements pour le fauteuil, les personnes qui ne parlent pas français.

    Il y a ce détenu. Je ne l’ai jamais vu, mais on m’en parle souvent. C’est un Turc de 65 ans, il est à Poissy [Yvelines]. Il ne parle pas français. Il est "conditionnable", c’est-à-dire qu’il est entré dans une période de sa peine où il pourrait demander une libération conditionnelle, sans certitude de l’obtenir. Son rêve, c’est de finir ses jours en Turquie. Un agent de probation a dû lui parler de l’existence de la "libération conditionnelle expulsion" : on vous l’accorde à condition que vous quittiez le pays immédiatement et sans espoir de retour. Depuis, il ne pense qu’à ça. A force d’économiser ce qu’il gagne en travaillant (il a passé de longues années en prison), il a accumulé un peu plus de 9 000 euros, une somme considérable. Il économise pour aider son frère qui pourrait l’héberger, à son retour en Turquie. Mais, un jour, un huissier se présente à la prison de Poissy. Il représente le fonds de garantie qui indemnise les victimes quand les condamnés sont insolvables. Dès qu’il le peut, bien sûr, ce fonds récupère l’argent qu’il a engagé. L’huissier a saisi l’argent du détenu turc, lui a laissé l’équivalent du RSA. Depuis, l’homme ne quitte plus sa cellule. Il ne parle pas au personnel et on ne lui parle pas, car on n’a rien à lui dire et on ne parle pas turc. Il se clochardise peu à peu, il n’est plus très propre. C’est un canard, un canard un peu mouillé.»

    LES BOULES DE PÉTANQUE

    «C’est un terrain sablonneux où on pratique la pétanque, au sein de l’unité pour malades difficiles [UMD] la plus grande de France - 80 malades -, à Sarreguemines[Moselle]. Les personnes qui y sont hébergées font preuve d’une dangerosité psychiatrique qui ne peut être gérée dans un hôpital psy plus classique. D’autres ont été déclarées irresponsables pénalement et n’ont donc pas été jugées et incarcérées.

    Je me souviens qu’il y avait là un homme qui avait tué douze personnes. Et nous les découvrons, là, jouant à la pétanque. On se dit "Ouh là… pétanque… boules… métal…" Mais non, ça se passe bien et on a l’illusion d’être face à un club de retraités. Dans cet UMD, j’ai longuement parlé avec un infirmier, remarquable de sérénité. Il m’expliquait que la filière psychiatrique a disparu du parcours d’études d’infirmier, la formation est commune à tous mais moins spécialisée, ce qui commence à poser problème. Je suis contrôleur des lieux de privation de liberté et, à ce titre, je contrôle aussi bien les prisons que les hôpitaux où les personnes sont retenues contre leur gré. C’est un constat : le personnel infirmier a un désir profond de se soumettre au regard extérieur, d’avancer dans ses pratiques professionnelles. Rien à voir avec les professionnels de sécurité - surveillants, policiers - souvent persuadés d’être les seuls à savoir. Dans cet UMD de Sarreguemines, la volonté de soin primait sur tout.»

    «MONSIEUR LE CONTRÔLEUR…»

    «C’est une lettre de détenue, une femme condamnée à dix mois de prison pour mauvais traitements. Il faut que les gens comprennent que la durée moyenne d’un séjour en prison tourne autour de onze mois. La plupart des gens y restent donc très peu de temps. Mais ça peut suffire à déglinguer une vie. Cette femme qui nous a écrit a été prise en grippe par une surveillante pour un motif futile. Sans doute avait-elle tapé contre la porte de sa cellule pour demander quelque chose et comme personne ne répondait, elle a tapé plus fort, longtemps, ce qui a excédé la surveillante. Etre pris en grippe par le personnel pénitentiaire, c’est terrible, car, quand vous demandez quelque chose, on ne vous le donne pas. Or, en prison, on est dépendant des surveillants pour tout : aller à la douche quand il n’y en a pas en cellule, aller en promenade, au parloir, prendre rendez-vous avec le directeur, avec un dentiste… La situation s’est envenimée, la femme a atterri en quartier disciplinaire [QD]. Elle était dans un tel état, cette détenue, qu’elle s’est fracassé la tête contre le carreau du QD en espérant y perdre la vie. Elle s’y est reprise à plusieurs fois, on est venu, on l’a couchée sur le lit, menottée. A l’hôpital, elle a eu des points de suture. Et au retour en prison, le harcèlement a repris. La prison est destructrice. Pas parce qu’on est un violeur de petites filles, mais parce qu’on ne fait pas assez vite le canard.»

    LES AGRAFES

    «Dans l’atelier d’une unité pour malades difficiles que j’ai visitée, des hommes mettaient des agrafes, les unes à côté des autres, dans une boîte. Un travail à peine payé, à la fois très désespérant, car on sait que demain sera le même, mais d’où ressortait aussi une grande sérénité qu’on a beaucoup de mal à trouver en détention. J’y pense dès que je saisis une boîte d’agrafe.»

    LES SURNOMS

    «Il faut toujours prêter attention aux surnoms dont les personnes détenues affublent le personnel pénitentiaire [pour éviter les pressions et les représailles contre les surveillants ou leur famille, les détenus ne connaissent pas leur nom, ndlr]. "Le rouquin", "le gnome", "le gueulard"… Je me souviens d’"Al Capone" et de "Raspoutine" aussi.»

    LES ÉCRANS

    «J’assistais, un matin, au travail d’un surveillant au poste central de commandes[PCC] de la prison toute neuve de Rennes-Vézin. Un mastodonte, très moderne et informatisé. Le surveillant était face à des dizaines d’écrans, reliés aux caméras de surveillance de la prison, et de boutons qui centralisent l’ouverture de toutes les portes de l’établissement. Grosso modo, le travail consiste, quand il reçoit un appel pour l’ouverture d’une porte, à vérifier avec la caméra qui se trouve derrière, et d’appuyer sur le bouton pour ouvrir le sas. Quand, soudain, une alarme retentit : quelque part dans la prison, un surveillant avait actionné son Motorola, accroché à son uniforme : il était en danger. La consigne, dans ce cas-là, c’est que tous les surveillants doivent rappliquer. Tous les couloirs de la prison convergent vers un rond-point, encerclé par des grilles qu’il faut actionner à distance, depuis le PCC. Nous voyons sur nos écrans arriver une douzaine de ses collègues et là, le système se grippe. Chacun s’est retrouvé coincé derrière sa grille. La scène était ridicule. Risible s’il n’y avait eu un surveillant en danger dans la prison… L’équipe a mis cinq minutes, dans un état d’énervement maximum, pour trouver une solution et ouvrir les grilles. Avec ces nouvelles prisons ultrasécurisées, on est en train de créer le terreau d’un peu plus de violences et d’agressions contre les surveillants. On additionne ces sas, ces caméras et on augmente l’isolement. Ce qu’on gagne en sécurité apparente, on le perd en calme en détention.»

    CLAUDE

    «Appelons-le Claude. C’était une personne de 60 ans, incarcérée pour une infraction sexuelle grave. Comme beaucoup de délinquants sexuels, il avait été à la prison de Casabianda, en Corse, la seule prison ouverte en France. Ce n’est pas un paradis, on y trime dur, les gens sont épuisés et la pression est forte : au moindre écart, ils repartent dans un établissement fermé sur le continent. C’est Claude qui a demandé à rejoindre une autre prison, je ne sais plus pour quelle raison. Pendant le transfert, son ordinateur a été perdu. Il a fallu qu’il en rachète un, ce qui n’est pas rien pour un détenu. C’est là qu’il nous a écrit sa première lettre. A l’arrivée dans sa nouvelle prison, on a contrôlé l’ordinateur qu’il venait de s’acheter et on a esquinté les fichiers qu’il contenait. Ça s’est très mal passé avec l’administration pénitentiaire qui n’a pas voulu reconnaître ses torts. Ce type, qui n’avait jamais eu de problème jusqu’à ce jour, est devenu un "procédurier", une autre figure qu’on rencontre souvent en prison : ceux qui tentent de résister au système carcéral en ayant recours au droit [demander un rendez-vous au directeur pour contester une décision contraire au règlement, saisir le contrôleur, voire, pour les plus téméraires, saisir le tribunal administratif contre les fouilles, la surpopulation, etc.] Une attitude très sévèrement appréciée par l’administration pénitentiaire, comme je l’ai noté dans mon dernier rapport annuel : bien des surveillants veulent maintenir les détenus dans un statut de "hors-la-loi". Les "procéduriers" déclenchent souvent des "représailles" de l’institution, des fouilles plus fréquentes, etc. J’ai commencé à m’inquiéter à l’automne, à lire son courrier : il évoquait des idées suicidaires et j’ai décidé de lui faire une visite. Le temps avait passé, c’était deux ans après sa première lettre, il avait encore changé d’établissement. Nous avons demandé à voir son dossier où nous avons trouvé un rapport d’incident : Claude aurait mal parlé à un surveillant, cet incident n’avait d’ailleurs eu aucune suite disciplinaire. Mais ma visite a fait ressurgir cet incident présumé et oublié. Après mon départ, Claude a été convoqué. Il s’est pris huit jours de quartier disciplinaire [QD], lui qui n’avait jamais eu de problème en détention. Il est de coutume de ne pas envoyer un détenu au QD pendant les fêtes de Noël. Il y a été envoyé le 23 décembre. Il s’est suicidé le 24. La venue du contrôleur des prisons a manifestement été utilisée pour infliger une peine disproportionnée à un homme qui devait agacer. Une enquête disciplinaire est en cours. Pour moi, cette affaire n’est pas terminée. Elle ne le sera jamais.»

     

    Sonya FAURE

     

     

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