• L’europe verrouille les semences anciennes : #seedlove #sauvezkokopelli

    article de : http://reflets.info/leurope-verrouille-les-semences-anciennes-seedlove-sauvezkokopelli/

    28 juillet 2012
    Par
     Pendant que tout le monde s’énervait sur ACTA, et à raison, avec les dérives multiples que cet accord pouvait générer, une petite association française de conservation, vente et diffusion de semences paysannes, Kokopelli, se battait en justice contre un semencier, Baumaux © (14 millions de CA en 2011, 1,8 millions de résultat net). La Cour de justice de l’union européenne vient de rendre un deuxième attendu qui donne raison au gros Baumaux contre le petit Kokopelli : l’enregistrement de toutes les semences au catalogue officiel européen des semences est donc quasiment incontournable, et ceux qui ne s’y soumettent pas sont hors-la-loi.
    La petite association était attaquée pour pratique de « concurrence déloyale » envers ce pauvre et énorme Baumaux ©.
    Etonnant, quand on sait qu’en janvier dernier, l’avocat général avait donné un premier verdict totalement contraire. Mais en quoi cette affaire de semences paysannes (ou anciennes), d’enregistrement dans un catalogue est importante ?

    La majorité des gens s’en foutent de ces problèmes de paysans, hein ?
     
    Oui, et bien, ils ne devraient pas, et vous allez comprendre pourquoi et comment les lobbies aidés de la technocratie européenne se préoccupent…de l’esclavage de notre agriculture et de notre alimentation.
     

    Hybrides vs Anciennes

    Pour bien comprendre le sujet il faut revenir sur la définition de ce qu’est une semence en agriculture, et savoir deux ou trois choses sur leur origine et leur commercialisation. Pour faire simple et court : il y a les semences « normales », celles créées par la nature, utilisées par l’homme et conservées par lui que l’on peut ré-utiliser chaque année. Vous prenez une tomate, vous récupérez ses graines, l’année d’après vous plantez les graines de votre tomate : ça pousse. Et puis il y a les semences hybrides, les F1 (hybridation de première génération) le plus souvent : inventées par les Américains au début du vingtième siècle, ce sont les plus répandues. Le procédé est, en gros, le suivant : un semencier prend deux variétés de maïs par exemple, avec des caractéristiques les plus éloignées possibles ou différentes, les croise. Mais pas une année seulement : sur 6 ou 7 ans. Au final, il a créé une variété hybride avec des caractéristiques génétiques nouvelles :meilleur rendement, taille identique des pieds, etc…

    Ce procédé d’hybridation s’est répandu en Europe après la seconde guerre mondiale : la pratique de l’agriculture intensive, mécanisée, demandait d’avoir des plantations qui soient à la hauteur des investissements engagés pour les faire pousser. La plante hybride  a donc de multiples avantages en termes de production au mètre carré, en résistances etc, mais aussi des gros défauts : il lui faut le plus souvent une quantité d’eau supérieure, d’engrais et surtout, elle est stérile ou presque : re-semer à partir d’hybrides ne fonctionne pas la plupart du temps, ou bien très mal : la dégénérescence causée par l’hybridation empêche qu’elle se reproduise par elle même, ou bien engendre une plante très faible. Il faut donc créer en permanence des semences d’hybrides : un paysan n’a pas les moyens de le faire, et c’est une industrie à plein temps qui s’en occupe : les semenciers.  Tout ça a fait que nous avons des stocks agricoles délirants, des champs géants, des champs de plantes toutes identiques.

    La biodiversité ne s’y retrouve pas vraiment, mais l’industrie agro-alimentaire, si. C’est un choix de développement. Mais que s’est-il passé pour les variétés autres que les hybrides, les semences traditionnelles, paysannes ? Elles ont été conservées, tant bien que mal par des petits paysans, des peuplades, des associations et  par les semenciers. Mais en quantités très limitées, depuis peu, chez les semenciers.

    Pourquoi un catalogue ?

    Le premier catalogue de semences date des années 30. L’idée était d’éviter que les appellations de semences ne soient un grand foutoir, que les semences soient référencées, pour que tout le monde s’y retrouve. L’Europe a fait de même. Mais en 1997, un nouveau catalogue a été créé en France, pour les variétés potagères : les jardiniers du dimanche sont alors directement concernés, mais aussi tous les petits paysans qui n’utilisent pas les grosses semences F1 bien coriaces. Tout ça est géré par le GNIS (groupement National Interprofessionnel des Semences et plants). Ses membres, bien entendu, sont les acteurs majeurs de la filière, pas des petits paysans. Et que dit ce catalogue, adossé au droit français ? Des choses simples : toute semence qui n’y est pas inscrite est interdite à la vente, mais aussi à l’échange entre paysans. Le Ministère de l’agriculture assimile cette pratique à des ventes dissimulées. Vous avez bien lu : interdiction de l’échange. Si il y a le #datalove, il est alors urgent de lancer le #seedlove. Parce que c’est bien une censure pure et simple des pratiques ancestrales qui est interdite par décret gouvernemental. Une Hadopi de la semence…

    Revenons à Kokopelli, cette association de conservation, vente et diffusion de semences. Elle conserve dans ses murs, à Alès (Gard), plus de 3000 variétés paysannes. Vous y trouvez des tomates noires, oranges, vertes, jaunes, des radis improbables, des haricots bizarres, des fleurs, des variétés de légumes oubliés, que plus personne ne voit dans aucun rayon de légumes, même le plus bio qui soit. L’association a des producteurs dans le monde entier. Les milliers de membres de l’association peuvent donc acheter n’importe quelle semence ensachée dans les locaux de l’association, souvent par correspondance. Un gros bouquin sort chaque année, rempli de photos, avec les variétés, les conseils, etc… L’association participe à de nombreuses actions liées à l’aide au tiers-monde, l’autonomie alimentaire. L’association monte des projets et donne (donc gratuitement) de nombreuses semences aux petits paysans en Afrique, Asie, Amérique du Sud.

    L’association refuse d’inscrire ses variétés de semences dans le catalogue officiel français ou européen. Et pour cause : le prix par semences, vu le nombre de semences qu’elle possède ne lui permet pas de le faire. Les conditions de stabilité, homogénéité des semences est antinomique avec les semences qu’elle possède : l’association, d’un point de vue « philosophique », ne peut pas faire entrer ses semences dans le catalogue officiel.

     La cour européenne de justice…des girouettes ?

    L’avocat général de la Cour européenne de justice avait donc conclu le 19 janvier dernier la chose suivante :

    L’interdiction prévue à l’article 3, paragraphe 1, de la directive 2002/55/CE du Conseil, du 13 juin 2002, concernant la commercialisation des semences de légumes, de commercialiser des semences d’une variété dont il n’est pas établi qu’elle est distincte, stable et suffisamment homogène ni, le cas échéant, qu’elle possède une valeur culturale ou d’utilisation suffisante est invalide en ce qu’elle viole le principe de proportionnalité, la liberté d’entreprise au sens de l’article 16 de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, la libre circulation des marchandises au sens de l’article 34 TFUE ainsi que le principe d’égalité de traitement au sens de l’article 20 de ladite charte.

    En clair : on n’interdit pas pas la commercialisation des semences de légumes sous n’importe quel prétexte, et l’Europe a des valeurs qui s’y opposent. Bien, super : on se disait qu’il y avait du bon quand même, un peu dans cette Union pourtant si prompte à soutenir les multinationales et enfoncer toutes les initiatives contraires à sa vision du commerce flamboyant dans une concurrence libre et non faussée, d’une finance à qui l’on offre des réseaux anonymes pour qu’ils puissent plus facilement spéculer. Mais non, ce n’était qu’un éclair de lucidité, en fin de compte, puisque la Cour européenne de justice a préféré revenir à la charge. Extrait du jugement pour mieux comprendre l’affaire :

    Par un jugement du 14 janvier 2008, le tribunal de grande instance de Nancy a condamné Kokopelli au paiement de dommages et intérêts à Baumaux pour concurrence déloyale. Cette juridiction a constaté que Kokopelli et Baumaux intervenaient dans le secteur des graines anciennes ou de collection, qu’elles commercialisaient des produits identiques ou similaires pour 233 d’entre eux et qu’elles s’adressaient à la même clientèle de jardiniers amateurs et étaient donc en situation de concurrence. Il a, dès lors, considéré que Kokopelli se livrait à des actes de concurrence déloyale en mettant en vente des graines de semences potagères ne figurant ni sur le catalogue français ni sur le catalogue commun des variétés des espèces de légumes.

    Kokopelli a fait appel de ce jugement devant la cour d’appel de Nancy.

    C’est dans ces conditions que la cour d’appel de Nancy a décidé de surseoir à statuer et de poser à la Cour la question préjudicielle suivante:

    «[L]es directives 98/95/CE, 2002/53/CE et 2002/55/CE du Conseil et 2009/145 de la Commission sont-elles valides au regard des droits et principes fondamentaux suivants de l’Union européenne, à savoir, ceux du libre exercice de l’activité économique, de proportionnalité, d’égalité ou de non-discrimination, de libre circulation des marchandises, et au regard des engagements pris aux termes du [Tirpaa], notamment en ce qu’elles imposent des contraintes de production et de commercialisation aux semences et plants anciens?»

    La réponse positive en janvier à l’égard de l’association, est aujourd’hui inverse :

    Kokopelli fait valoir qu’elle se trouve dans l’impossibilité de commercialiser les semences des variétés de légumes «anciennes» étant donné que, eu égard à leurs caractéristiques propres, celles-ci ne peuvent remplir les critères de distinction, de stabilité et d’homogénéité, et sont ainsi exclues des catalogues officiels de manière non justifiée.

    Afin d’assurer une productivité accrue desdites cultures, l’établissement, dans le cadre de règles unifiées et aussi rigoureuses que possible en ce qui concerne le choix des variétés admises à la commercialisation, d’un catalogue commun des variétés des espèces de légumes sur la base de catalogues nationaux apparaît de nature à garantir ledit objectif.

    En effet, un tel régime d’admission, qui exige que les semences des variétés de légumes soient distinctes, stables et homogènes, permet l’utilisation de semences appropriées et, par conséquent, une productivité accrue de l’agriculture, fondée sur la fiabilité des caractéristiques desdites semences.

    Et oui, l’Europe se préoccupe de productivité accrue en matière de semences. Et le catalogue officiel veut des semences stables et homogènes. Les semences anciennes de Kokopelli ne le sont pas, d’après le catalogue. Et la Cour de justice. Exit, donc, les semences anciennes. Exit leur commercialisation, leur échange paysan. CQFD.

    Et ça continue :

    Dans ce contexte, force est de constater que le législateur de l’Union a pu considérer que le régime d’admission prévu par la directive 2002/55 était nécessaire afin que les producteurs agricoles obtiennent une productivité fiable et de qualité en termes de rendement.

    Le rendement coco, le rendement…

    Par conséquent, l’obligation d’inscription aux catalogues officiels ainsi que les critères d’admission y afférents permettent la description de la variété et la vérification de la stabilité et de l’homogénéité de celle-ci, afin de garantir que les semences d’une variété possèdent les qualités nécessaires pour assurer une production agricole élevée, de qualité, fiable et soutenue dans le temps.

    production agricole élevée : quant à la qualité, avec les hybrides, on cherche un peu, mais ces attendus de la Cour ne sont qu’une ode aux semence hybrides déclarées seules efficaces, stables, fiables contre les semences…naturelles, produites par la nature, sans l’aide de l’homme. On rejette les variétés naturelles pour mettre en avant les semences modifiées et créées par l’homme. Très étonnant, non ? Au final, ce dernier arrêté prend bel et bien le contrepied complet avec le premier jugement de janvier.

    Conclusion provisoire

    Le procès de Baumaux© contre Kokopelli et le dernier arrêté de la Cour européenne de justice est symptomatique d’un moment particulier de l’histoire humaine : la biodiversité est en danger (pollution, agriculture industrielle), les plantes brevetées (de la classe des Organisme Génétiquement Modifiés, OGM) sont poussées de partout sur la planète par des multinationales avides de s’emparer d’une clientèle nombreuse et à sa botte : les agriculteurs. Les semences sont un enjeu planétaire, l’un des derniers marchés captif et prometteur.

    La Cour de justice n’a pas parlé dans ses attendus sur les semences stables, fiables à la production agricole élevée, des semences au catalogue officiel enrobées des pesticides Cruiser, Gaucho et autres Régent : peut-être parce qu’empoisonner les consommateurs n’est pas très important du moment que les directives sur le libre exercice de l’activité économique sont bien suivies ? Pour conclure, un petit appel à aller voir comment Baumaux© fonctionne sur Internet, et comment il est prêt à faire couler une petite association en utilisant les plus basses méthodes pour s’accaparer de noms sur Google et gagner des « parts de marchés » sur les semences anciennes…

    BAUMAUX© annonce un choix stupéfiant des variétés anciennes…

    Notre important choix de variétés se compose de :

    •  La quasi-totalité des variétés courantes et connues utilisées depuis des dizaines d’années par les amateurs.
    • Concernant les anciennes variétés potagères et afin de proposer d’authentiques variétés connues et reconnues, GRAINES BAUMAUX a fait l’effort d’inscrire et d’être le mainteneur officiel des 106 variétés suivantes

    La quasi-totalité des variétés courantes et connues ? La petite association Kokopelli, elle, en a plus de 3000 en stock. On se moque de qui ici ?

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • La baignade écolo dans des piscines 100% naturelles à ciel ouvert

    lien du site de l'article: http://www.20minutes.fr/article/977617/baignade-ecolo-piscines-100-naturelles-ciel-ouvert

     
     
    La piscine municipale biologique de Combloux, face au Mont-Blanc, le 30 juin 2009

    La piscine municipale biologique de Combloux, face au Mont-Blanc, le 30 juin 2009 Jean-Pierre Clatot afp.com

    Implantés au coeur de montagnes, de forêts ou de campings, les bassins de baignade biologique séduisent les collectivités, désireuses d'offrir à leurs visiteurs des piscines naturelles sans chlore ni produits chimiques, simplement nettoyées par les plantes.

    Profitant de l'engouement pour le tourisme "vert", ces piscines en plein air, plébiscitées par les Allemands et les Autrichiens depuis plus de 20 ans, arrivent en France dans les zones rurales dépourvues de plans d'eau ou aux infrastructures vieillissantes.

    Au lac des Sapins, la petite localité de Cublize, à une heure de Lyon, vient ainsi de se doter d'un bassin naturel de 8.000 m2, vanté comme la plus grande baignade biologique d'Europe, pour un coût de quatre millions d'euros.

    "La baignade biologique est plus dans l'air du temps que la piscine au chlore", confirme Camille Béguerie, ingénieur paysagiste à Green concept, créateur de la baignade de Cublize, qui affiche 2.000 visiteurs par jour.

    Le principe est simple: en perdant dans le bassin peau, sueur et cheveux, "les baigneurs apportent eux-mêmes la source de nourriture aux plantes qui régénèrent l'eau, sans aucun traitement chimique", explique-t-elle.

    En moins de dix ans, ce cabinet d'architecture basé à Lyon a conçu les onze piscines naturelles publiques de France, dont Marsac (Creuse), Mont-près-Chambord (Loir-et-Cher), La Chapelle-Saint-Sauveur (Saône-et-Loire), ou encore à Saint-Chaffrey (Provence-Alpes-Côte d'Azur). Le cabinet annonce "au moins quatre projets" pour l'été 2013, notamment à Loon-Plage (Nord) ou près d'Angers (Maine-et-Loire).

    "La qualité de l'eau du lac était trop aléatoire et on avait des problèmes d'algues. Quand le lac a eu 30 ans, en 2009, on a réfléchi à son évolution. En se basant sur ce qu'avaient fait d'autres communes, on a choisi l'option bio", explique Julien Fargettas, responsable du développement du lac des Sapins.

    Réglementation en cours d'élaboration

    Se fondant naturellement entre le lac et la forêt, la "baignade biologique", remplie d'eau du réseau public, est prolongée d'une zone de filtrage de 4 hectares, interdite à la baignade, où 38.000 plantes de la famille du roseau sont cultivées pour leurs vertus épuratrices.

    Lire la suite...

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • Vous connaissez le site OWNI? voici une des dernières newletters, très intéressante sur les nouvelles attitudes face à la fin du productivisme. Lien: http://owni.fr/2012/07/26/detroit-redemarre-en-mode-diy/

     

    Detroit redémarre en mode DIY

    Detroit n’est pas la ville des rêves, c’est la ville des réalités. – Grace Lee Boggs, 96 ans, activiste et habitante de Detroit

    Imagination Station (à droite) fait face à la Michigan Central Station (à gauche), géante gare abandonnée, symbole du déclin de Détroit. Imagination Station est également une maison abandonnée, et donnera lieu à un projet de logement d'ici quelques années. Pour l'heure, les "doers" du quartier l'ont bariolé de fresques. ©Nora Mandray/detroitjetaime.com

    Déclarée plusieurs fois en faillite depuis 2011, Detroit est une ville est à l’abandon, vidée de sa population, de la plupart de ses commerces et entreprises. Après la période glorieuse du fordisme et de la production automobile, puis les ravages de la désindustrialisation dès les années soixante, les habitants dépendent aujourd’hui de leur propre ingéniosité pour subvenir à leurs besoins. Un renouveau qui préfigure peut-être la société de demain : une économie locale post-industrielle basée sur la bidouille et le partage.

    Dans leur webdocumentaire Detroit Je T’aime, les journalistes françaises Nora Mandray et Hélène Bienvenu, s’intéressent aux bouleversements du monde post-industriel et post-communiste.  Elles nous montrent comment les citoyens reprennent en main leur mode de vie,  leur manière de consommer et de renouer des liens sociaux dans un espace post-productiviste.

    Comment est construit votre webdocumentaire ?

    Nora Mandray : Detroit je t’aime a pour base trois courts-métrages documentaires à la narration linéaire, d’environ 20 minutes chacun : trois histoires de débrouille imbriquées les unes dans les autres entre un groupe de filles mécano, un fermier urbain et un hacker. Au cours de chacun de ces films, une “boîte à outils DIY” [ndlr : Do It Yourself : Fais-le toi-même] apparaîtra pour suggérer aux spectateurs de démarrer leurs propres initiatives. Les internautes pourront, au fil des histoires, partager sur les réseaux sociaux des citations tirées du film ou bien des projets à faire eux-mêmes avec leurs amis.

    Hélène Bienvenu : Nous ne voulons pas tomber dans le travers du catalogue d’histoires, ce vers quoi le webdocumentaire a tendance à tirer parfois, d’où l’idée de se concentrer sur trois personnages forts et le recours au mode linéaire. On pense que notre blog, développé en parallèle à Detroit je t’aime, continuera d’exister à travers nos spectateurs. L’ objectif c’est d’engager un dialogue entre les communautés.

    Nora Mandray : Une fois le webdocumentaire terminé, nous aimerions aussi développer une application pour mobiles, où il serait possible de retrouver les projets DIY présentés dans le documentaire. Et puis, à plus long-terme, Detroit change si vite qu’on pense déjà y retourner dans cinq ou dix ans pour retrouver les Detroiters et voir ce qu’ils seront devenus.

    En quoi les trois personnages choisis pour raconter l’histoire de Detroit sont-ils représentatifs du changement de cette ville, et par extension de nos sociétés, vers une nouvelle économie basée sur le partage et le DIY (Do it Yourself) ?

    Nora Mandray : Nos trois personnages représentent des besoins inhérents à toute société : se nourrir, se déplacer, apprendre et communiquer. En plus d’apporter une réponse matérielle, nos protagonistes ré-imaginent le Detroit post-industriel pour poser des bases plus saines : respect de l’environnement, justice alimentaire, open-source, réflexion sur la question de la race, le vivre-ensemble. Jeremy, le fermier urbain (urban farmer) plante avant tout pour sa communauté, son “potager” n’est pas grillagé. De même que le Mount Elliott makerspace de Jeff Sturges ou l’atelier vélo Fender Bender de Sarah Sidelko, ouverts à tous.

    Hélène Bienvenu : La société du partage revêt de multiples facettes, et toutes ne sont pas nécessairement représentées à Detroit, par exemple le co-voiturage existe encore très peu. Mais Detroit est une ville où l’on débat. Un mot revient sans cesse : “justice”.

    Nora Mandray : Social justice, food justice, environmental, racial… Le mot se décline à l’infini et nous semble représentatif du tournant que vit la ville. C’est un signal fort que Detroit en revienne à l’artisanat et à un système de production local. Le travail à la chaîne est né ici et s’est répandu dans le monde entier. En période d’austérité, on en revient à des valeurs partagées par tous, à des éléments concrets autour desquels la communauté se rassemble et se reconstruit.

    Sarah a mené le premier atelier mécano de Fender Bender. Kezia et Doc ont appris à réparer un vélo en six leçons. ©Nora Mandray/detroitjetaime.com

    Lire la suite...

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire
  • lien: http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110902090535/

    Ben voilà, cela faisait des mois que je lisais les analyses et décryptages du journaliste Théophile Kouamo et sa version de la réalité prend soudain un nouvel écho....

    Il était seul face à un tintamare d'analyse ultra positives sur Ouatara et Cpnie...

     Si vous ne vous sentez pas concernés je vous rappelle que c'est  l'armée française qui a  participé au renversement de Gbagbo  et à la présidnce de Ouattara ex agent du FMI.

    Côte d'Ivoire : les exactions des FRCI suscitent l'inquiétude croissante des diplomates

    Le défilé des FRCI à Abidjan, le 7 août 2011 : une discipline bien trompeuse. Le défilé des FRCI à Abidjan, le 7 août 2011 : une discipline bien trompeuse. © AFP

    Agressions, vols, intimidations, racket... Les crimes et exactions imputés aux FRCI sont encore nombreux à Abidjan. Une situation qui inquiète les diplomates en poste dans la capitale économique de Côte d'Ivoire, alors que le pays se dirige vers des élections législatives cruciales pour son avenir.

    Plus de cinq mois après l’installation d’Alassane Ouattara à la présidence, les chancelleries occidentales sont de plus en plus mal à l’aise avec le comportement de certains « électrons libres » des ex-comzones, aujourd’hui estampillés Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), lesquels forment une hiérarchie militaire parallèle tout en faisant pression sur la justice en fonction de leurs intérêts propres. La réputation de la nouvelle armée est si dégradée que certains éléments des ex-Forces de défense et de sécurité (FDS, pro-Gbagbo) ne veulent même plus porter leurs macarons FRCI.

    Les questions de sécurité sont l’objet de toutes les préoccupations, au moment où plusieurs missions de bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux sont annoncées dans le pays pour relancer l'économie. Si la situation est devenue supportable dans les communes de Cocody et du Plateau, en revanche, dans certains quartiers comme la Zone 4, un quartier sud d’Abidjan où habitent la grande majorité des expatriés, il ne se passe pas un jour sans qu'un acte d’intimidation ou de racket ne soit rapporté. « Nous avons parfois affaire à des gens indisciplinés, qui ne respectent rien et qui ont pour unique langage la kalach ou le pistolet, ce n’est pas rassurant », explique un homme d’affaires français résidant dans le sous quartier de Biétry à Marcory (sud).

    Impunité

    Dans les rues, la police et la gendarmerie n’ont pas véritablement repris leurs mission de sécurité publique. Ils ne disposent ni d’armes, ni de logistique appropriée, contrairement aux FRCI, dont les exactions paraissent impunies pour le moment. Résultat, malgré les quelques progrès au cours des derniers mois, les langues commencent à se délier dans le milieu très feutré des chancelleries.

    Le moins gérable des ex-comzones est Wattao, qui est devenu un vrai roitelet.

     « Nous sommes conscients des efforts du président Ouattara, mais la situation est encore très fragile. Quant quelque chose vous arrive, vous ne savez pas qui appeler. Abidjan est toujours sous le règne de certains comzones dont le moins gérable est Wattao, qui est devenu un vrai roitelet. Cela est grave pour l’État de droit », confie un diplomate français en poste à Abidjan.

    Statistiques alarmantes

    Même son de cloche du côté de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci). « Les combats sont terminés, mais les exactions des FRCI continuent. C’est inquiétant. Cette indiscipline pourrait avoir une incidence sur la tenue des législatives que nous voulons apaisées », confie un diplomate.

    Et le ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko, a beau plaider que « le retour à la normalité se passe bien, un plan d'urgence de sécurité a été mis en place », rien n’y fait. Les statistiques officielles parlent d'elles même : pour le seul mois de juillet, au moins 124 agressions et 60 vols de voitures ont été commis. Des faits imputés généralement aux FRCI, aux gendarmes et aux policiers.

     

    Lire la suite...

    Partager via Gmail Yahoo!

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires